Les politiques publiques en France, en Europe et dans le monde impactent le système énergétique en profondeur. En particulier, le système électrique, voué à jouer un rôle prépondérant pour relever les défis de la transition énergétique, doit évoluer pour accompagner ces transformations tout en maîtrisant les coûts et en maintenant la qualité de service pour le consommateur. Via la Stratégie Nationale Bas Carbone, le gouvernement fixe un objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Dans ce cadre, la question se pose d’électrifier certains usages énergétiques afin de bénéficier du très faible contenu carbone du mix électrique français. Des transferts d’usages vers l’électricité pourraient occasionner de nouvelles contraintes (par exemple l’augmentation de la pointe de consommation électrique), ou à l’opposé générer de nouvelles opportunités de services au système électrique (que pourraient par exemple fournir les véhicules électriques – vehicle-to-grid). Il est donc nécessaire d’identifier, d’une part, les effets sur le système électrique, et d’autre part, sur le reste du système énergétique, afin d’apporter des éclairages sur les enjeux économiques et environnementaux liés aux transferts d’usages.
La consommation du parc résidentiel représente aujourd’hui 28% de l’énergie finale totale consommée en métropole (SOeS, 2013), et le chauffage représente entre 70% et 80% de cette consommation (CEREN, 2016). Ainsi, ce secteur représente un enjeu majeur dans le cadre des mutations énergétiques d’aujourd’hui, et les politiques publiques menées (SNBC 2018) montrent l’intérêt qu’il peut représenter dans le cadre de la transition énergétique de la France. Par ailleurs, les usages des différentes technologies de chauffage varient beaucoup et sont relativement diversifiés (3 grandes énergies : gaz, fioul et électricité). Pour comprendre les mécanismes qui sous-tendent les choix des ménage afin d’anticiper les évolutions possibles de la demande à long terme, il est ainsi nécessaire de conduire des analyses statistiques objectives du comportement des ménages vis-à-vis du chauffage. Ces analyses sont aujourd’hui très peu nombreuses en France (à notre connaissance, l’analyse la plus poussée est de Salmon et Risch, 2013), alors que de telles analyses ont déjà été conduites dans d’autres pays comme la Norvège (Vaage, 2000), l’Allemagne (Braun, 2013) et l’Italie (Laureti et Secondi, 2012).
Par ailleurs, les données désagrégées fournies par les deux volets de l’enquête Phébus sont d’une grande richesse et exhaustivité comparées à celles qui ont été utilisées dans les études déjà citées. Ainsi, une modélisation utilisant ces données, croisées avec d’autres données sur le secteur résidentiel français, permettrait une compréhension très fine des transferts d’usage de chauffage.